Le 11 février 2011 restera peut-être dans l’histoire comme une date mythique pour Nokia : Nokia et Microsoft ont annoncé un partenariat stratégique entre les deux firmes, qui fait que Nokia adopte Windows Phone comme plate-forme principale pour ses téléphones et abandonne grosso-modo le développement logiciel pour se recentrer uniquement sur le matériel.
Pour Microsoft, l’intérêt de cette alliance est évident. Windows Phone peine à dépasser 3% du marché des smartphones quand Android, iOS et BlackBerry dépassent chacun les 15%. Nokia lui, reste avec 40 % du marché le plus grand constructeur de téléphones portables au monde. Même si Nokia a pris beaucoup de retard sur le marché des smartphones, Windows Phone peut espérer progresser grâce à la plateforme matérielle réputée de Nokia. En outre, Windows Phone continuera d’être disponible chez LG, HTC et Samsung.
Pour Nokia, en dépit de ses problèmes financiers, l’intérêt d’une telle alliance ne saute pas aux yeux, alors que Nokia avait massivement investi dans le système libre MeeGo développé avec Intel. En cas d’abandon de ses systèmes Symbian et Maemo/MeeGo, on se serait plutôt attendu à ce que Nokia se dirige vers Android, plus populaire et plus stable que Windows Phone. Bref, une décision assez incompréhensible, d’autant plus que suite à cette annonce, le titre Nokia a perdu 20% en bourse et que de nombreuses suppressions d’emplois de R&D en Finlande ont été annoncées.
Incompréhensible ? Sauf si on sait que le nouveau PDG de Nokia, Stephen Elop, était jusque septembre 2010 un cadre dirigeant de Microsoft et qu’il est encore actuellement le 8e actionnaire de Microsoft. On notera également que suite à cette annonce, Chris Weber, un autre cadre dirigeant de Microsoft, a été nommé à la tête de Nokia US. Bref, cet accord peut autant être une stratégie de rupture chez Nokia qu’une prise de contrôle du géant finlandais par l’ogre américain.
C’est probablement une très mauvaise pour les projets libres de Nokia, à savoir Qt, Maemo et MeeGo (d’autant plus que dans Windows Phone les logiciels libres sont interdits) et pour l’avenir de ses smartphones tels que le N900. Ca l’est d’autant plus pour la companie elle-même, une des dernières entreprises européennes qui maîtrisait son développement logiciel.
Quelques liens pour appronfondir le sujet :
« C’est probablement une très mauvaise pour les projets libres de Nokia, à savoir Qt, Maemo et MeeGo (d’autant plus que dans Windows Phone les logiciels libres sont interdits) »
Ce qui m’étonne, c’est que cela puisse paraître choquant à quelqu’un : Debian et Ubuntu font exactement pareil, ils interdisent dans leurs distributions officiels, les logiciels dont la license n’est pas compatible avec leur propre licence. Pourquoi Microsoft n’aurait-il pas le droit de faire ce que d’autres se donne le droit de faire ?
Puis il ne faut pas oublier les employés de Microsoft : s’ils doivent distribuer tout ce qu’il font gratuitement, est-ce que ce sont les « bons conseilleurs » qui vont venir les aider ? En imposant cette restriction, ils défendent aussi leur employés, qui ne vivent pas que d’air pure (enfin, … l’air pure… c’est déjà un luxe, mais c’est pour l’image). N’importe quel syndicat national monterait tout autant au créneau si quelqu’un décidait demain, que c’est mal que les gens qui travaillent attendent un salaire et qu’il devraient tout donner gratuitement. Il faut revenir sur Terre un peu…
Microsoft ont le droit de faire ce qu’il veulent, du moment qu’ils respectent la loi dans le pays où ils diffusent leurs logiciels. Ici, pour Windows Phone, je cite : « les développeurs qui souhaitent créer une application pour Windows Phone 7 doivent impérativement accepter les conditions du Marketplace. (…) Microsoft a choisi d’écarter les logiciels open source. » (cf http://www.pcinpact.com/actu/news/61973-windows-phone-7-gpl-conditions-developpeurs-applications-.htm). C’est parfaitement légal.
Cela ne concerne pas que les employés de Microsoft, mais l’ensemble des développeurs qui voudraient développer une application pour WP. Aujourd’hui, sous Windows 7, vous pouvez installer des logiciels libres (par exemple, OpenOffice.org, Firefox). Sous WP, non ; voilà mon propos. Je trouve que c’est de l’abus de pouvoir.
Notez qu’Ubuntu et Debian ne vous empêchent pas et ne vous interdisent pas d’installer des logiciels propriétaires. Ils décident de ne pas forcément les inclure par défaut, c’est très différent de ce que vous dites. D’autre part, libre ne veut pas dire gratuit. Je vous rappelle qu’il y a de très nombreuses société de services qui font de l’argent avec des logiciels libres et qui ne vivent pas d’air pur 🙂 mais c’est un autre sujet.
Oui, c’est vrai, ça ne concerne pas que les développeurs de MS. Je ne veux pas défendre l’indéfendable, et j’ai beaucoup de choses à reprocher à MS (pas le lieu pour en parler), mais peut-être qu’ils ont peur des conséquences sur le commerce de l’arrivé de la culture de l’exigence du tout gratuit dans ce secteur.
Oui, on peut installer des logiciels propriétaire sous Ubuntu (je suis sous Ubuntu), mais ils sont présentés dans des termes… qui les font percevoir comme une menace. C’est une manière déguisée de faire.
Concernant les sociétés de service, je ne sais pas si c’est un argument qui peut être mis en avant quand on a voit le matraquage de « ça devrait être gratuit », que l’on doit à Richard Stallman.
Sinon oui, il y a abus de pouvoir de Microsoft, c’est clair. Je regrète d’ailleurs les erreurs répétés dans les systèmes alternatifs, comme Debian / Ubuntu (BSD et un cas à part), qui finalement aident ce monopole. Ce n’est pas en accusant sans cesse Microsoft et en martelant à ces utilisateurs que les développeurs doivent tout leur donner gratuitement, que MacOS, pourtant plus chèr que Windows, à réussi à représenter un contrepoids encore plus fort face à Windows (mais encore trop faible), que ne l’a jamais fait Debian ou Ubuntu ou je ne sais quel dérivé de l’un de ceux-ci.
Ma réponse (le premier message), c’était surtout parce que j’avais justement l’impression de revoir dans ce passage, l’expression typique qui fait que les sytèmes dit alternatifs n’arrivent pas à décoller face à Microsoft.
Faut pas le prendre mal hein…. quand je dis que j’utilise Ubuntu, je ne ment pas (c’est tout récent en fait), juste pour preuve que je ne troll pas (un terme que je n’aime pas, mais qui est souvent utilisé).
Bref, si les système alternatifs avaient une véritable crédibilité économique, pouvaient employer des développeurs (surtout avec le nombre de chomeurs qu’il y a chez nous, il y certainement un bin vivier de gens compétent, plutôt que de ne compter que sur des bénévoles qui font comme ça les amusent et comme ça part dans tous les sens), ce qui permettrait de faire sérieusement avancer les choses, de prendre en compte les remonter des utilisateurs (même quand ces remontés semblent bêtes), de s’occuper des détails qui comptent sans les minimiser (ce qui demande un tel travail que des bénévoles ne peuvent pas l’assurer décemment, à moins d’être des esclaves), peut-être qu’il n’y aurait plus à se consoler avec ce genre d’article accusateur censés renforcer « la fois » des lecteurs.
C’est ça que je trouve pathétique, c’est que cette attitude n’aide pas à faire avancer les choses, et même si je ne suis passé à Unbuntu que depuis 4 semaines, ça fait 15 ans que je vois passer et repasser sans cesse les mêmes discours sans que rien n’ait vraiment évolué dans l’état de la balance.
Sinon évidement, le propos n’était pas de défendre ce qui est indéfendable chez Microsoft (effectivement, interdire d’installer une application de son choix, c’est un abus, et je crois que le même abus existe d’ailleurs sur les iPod).
Bonne journée!
Les logiciels propriétaires sont présentés comme une menace… parce qu’ils en sont une. Par exemple parce que leur code fermé ne permet pas de détecter aussi bien les bugs et les failles de sécurité (intentionnelles ou non). Ou parce que ca ne vous garantit pas la pérennité de leur utilisation. Soyons honnête : ce n’est pas forcément une catastrophe d’en installer, mais c’est un risque, et le plus souvent, parfaitement inutile puisqu’il existe des équivalents libres.
Concernant Richard Stallman, je pense que vous faites totalement fausse route : il matraque au contraire depuis 30 ans que les logiciels devraient être libres au sens des quatre libertés (voir http://www.lea-linux.org/documentations/index.php/Intro-linuxetgnu). Il ne s’est jamais opposé au fait de vendre des logiciels, il en même vendu lui-même autrefois (des copies d’Emacs). Sur le site de la FSF, dont il est le président, figure une liste d’entreprises qui offrent des services sur les logiciels libres : http://www.fsf.org/resources/service. Sur le site de GNU, sur la page d’accueil comme dans la définition de logiciel libre (http://www.gnu.org/philosophy/free-sw.fr.html), vous trouvez la phrase suivante : « Un logiciel libre se réfère à la liberté, pas au prix. ». Son combat ne concerne donc pas du tout la gratuité, même si un logiciel libre peut quasiment toujours être obtenu gratuitement.
Enfin, le nombre de linuxiens augmente tous les ans, mais dans des proportions assez modérées : vous avez raison, GNU/Linux a du mal à s’imposer auprès du grand public. Effectivement, les entreprises sur ce secteur (Mandriva et Canonical) peinent à trouver un modèle économique viable et les investisseurs privés et publics ne se bousculent pas pour investir dans ce secteur. Sans compter que GNU/Linux se retrouve en concurrence avec des entreprises qui possèdent des milliards, sont en situation de monopole et abusent de la vente liée. Comment Canonical ou Mandriva (par exemple) pourraient se soucier davantage des détails pour le grand public ? Est-ce vraiment un problème d’argent ou un problème d’organisation ? Notez que dans d’autres domaines, le logiciel libre réussi très bien : Firefox a su s’imposer dans le monde des navigateurs et GNU/Linux est bien implanté dans le monde des serveurs. Mais vous avez raison, il ne faut pas avoir un discours victimaire, même si des entreprises comme Microsoft sont ouvertement en guerre contre le logiciel libre ; il y a des choses à améliorer « en interne » également.
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