Gestion des ACL
<cadre type="note">Cet article vise à expliquer la mise en place et l'utilisation fondamentale des ACL sur une machine et non la théorie les concernant.
Il article s'adresse principalement aux utilisateurs de Debian GNU/Linux. Pour les autres distributions, les différences concernent surtout le mode d'installation des programmes nécessaires. </cadre>
Un ACL, ou Access Control List (en anglais : « liste de contrôle d'accès ») est, pour définir simplement la notion, une liste de permissions sur un fichier, un répertoire ou une arborescence, ajoutée aux permissions classiques de ce fichier. Ces permissions concernent des utilisateurs et/ou des groupes définis. Les ACL sont conformes aux normes POSIX.
Au moyen des ACL, on peut donc étendre le nombre d'utilisateurs et de groupes ayant des droits sur un même fichier. Rappelons que, dans le monde UNIX, chaque fichier ne peut normalement indiquer des permissions que pour un seul utilisateur et un seul groupe, qui s'opposent à une unique catégorie correspondant à « tous les autres ». Avec les ACL, on peut (entre autres) ajouter à un fichier d'autres utilisateurs et groupes et définir leurs droits séparément. On se rapproche ainsi du système de permissions pratiqué sur les plate-formes NT.
Les ACL sont très utiles (voire indispensables) dans des environnements informatiques axés sur le travail collaboratif et mutualisé ; de même, leur utilisation avec SAMBA permet d'en étendre les capacités.
Exemple pratique
Soit un fichier /var/www/index.php (page d'index d'un site web, par exemple) dont les droits sont les suivants :
$ ls -l /var/www/index.php
-rw-r----- 1 root www-data 18 2005-09-11 11:24 /var/www/index.php
En d'autres termes, root en est le propriétaire ; il peut le lire et le modifier ; le fichier est aussi accordé au groupe www-data (celui sous lequel, par exemple, tourne le serveur web), dont les membres peuvent le lire mais pas le modifier. Quant au reste du monde, il ne peut pas y accéder (le fichier contient des informations confidentielles telles qu'un mot de passe à une base de données MySQL).
Imaginons qu'on veuille rendre le fichier accessible en lecture aux utilisateurs Jean et Luce, en lecture et écriture à Khadija et Alice. On pourrait à la rigueur faire entrer Jean et Luce dans le groupe www-data mais cela introduirait une faille de sécurité car www-data peut accéder à des données qui ne les concernent pas. Il n'est en tout cas rationnellement pas prudent d'ajouter Khadija et Alice au groupe root. On ne peut non plus changer les permissions (en lecture et écriture pour tout le monde) ou modifier le propriétaire et le groupe.
Les ACL sont là une solution pratique et facile à gérer dans ce cas ; il suffit d'ajouter des permissions à l'ACL du fichier (grâce à des commandes décrites plus bas) pour qu'il se présente ainsi :
root: -rw
www-data: -r-
Khadija: -rw
Alice: -rw
Jean: -r-
Alice: -r-
reste du monde : ---
Mise en place
Selon la version du noyau utilisée, le support des ACL peut ou non être déjà compilé. S'il l'est, il faut aussi que la partition contenant les fichiers dont on veut étendre les droits soit montée avec l'option idoine.
Noyau
Il faut d'abord savoir si le noyau a été compilé avec le support des ACL. Le plus simple est de le vérifier dans le fichier de configuration du noyau, fichier normalement situé sous /boot. Pour ce faire, utiliser la commande grep :
$ grep ACL /boot/config-version-du-noyau
Elle doit renvoyer la lignes suivantes :
CONFIG_FS_POSIX_ACL=y
pour signaler que le support général des ACL est présent, et plusieurs lignes du type
CONFIG_[système de fichiers]_FS_POSIX_ACL=y
où [système de fichier] peut recevoir les valeurs (pour un noyau 2.6.8-2-386 à la date de rédaction) EXT3, JFS et XFS.
Si la valeur des options n'est pas correcte, vous devez recompiler votre noyau. N'oubliez pas d'au moins prévoir un système de fichiers pour lequel les ACL seront permis.
Systèmes de fichiers/montage des partitions
Quand le noyau est disposé à gérer les ACL, on doit préparer les partitions montées dans un système de fichiers adapté (par exemple, il est exclu de vouloir utiliser ces permissions avec du vfat).
Montage et démontage à la volée
Il faut monter les partitions voulues avec l'option acl. Par exemple :
# mount -t ext3 -o defaults,acl /dev/hda2/ /var/www/
Si la partition est déjà montée, on peut modifier ses paramètres à la volée :
# mount -o remount,acl /var/www/
Configuration automatique
L'inscription dans /etc/fstab des options de gestion des ACL est recommandée quand leur utilisation est régulière. Par exemple, notre même couple partition/point de montage serait déclaré ainsi :
/dev/hda2 /var/www ext3 defaults,acl 0 0
À chaque montage automatique des partitions, le support des ACL sera activé.
Commandes
Il existe deux commandes essentielles : l'une pour manipuler l'ACL d'un fichier (setfacl) et l'autre pour le consulter (getfacl). Les commandes traditionnelles chmod et chown ne peuvent accéder aux ACL.
Ces deux commandes nécessitent, sous Debian, l'installation du paquetage « acl ». Pour l'installer :
# apt-get install acl
setfacl
Le nom de la commande se comprend set file ACL (« attribuer un ACL à un fichier »). Elle comprend de nombreuses options et détails dont il convient de prendre connaissance en consultant la page de manuel (man setfacl
).
La syntaxe fondamentale est simple. La commande
# setfacl -m u:khadija:rw /var/www/index.php
modifiera (-m
) l'ACL de /var/www/index.php en attribuant à l'utilisateur (préfixe u:
) Khadija les droits rw
. Les droits d'exécution n'étant pas indiqués, ce sont les droits normaux qui s'appliquent.
Les paramètres à connaître sont :
- préfixes :
u:
(droits pour un utilisateur, nommé ou désigné par son uid) ;g:
(droits pour un groupe, nommé ou désigné par son gid) ;m:
(masque de droits par défaut) ;o:
(droits pour other, le reste du monde) ;
- permissions : elles sont codées dans l'ordre
r
,w
etx
ouX
(ce dernier représentant, comme avec chmod, le droit d'entrée dans les répertoires ou celui d'exécution pour les fichiers qui ont déjà un marqueurx
). On les remplace par-
pour une interdiction explicite.
Ainsi, u:khadija:rw
ajoute à Khadija des droits en lecture et écriture sans toucher à l'éventuel droit normal en exécution, au contraire de u:khadija:rw-
, qui lui interdit explicitement ce dernier droit.
On peut construire des commandes plus complexes en enchaînant les entrées dans l'ACL :
# setfacl -m u:khadija:rw,g:site1:r--,o:--- /var/www/index.php
définit des permissions dans l'ACL de /var/www/index.php pour l'utilisateur Khadija, le groupe site1 et le reste du monde.
Pour annuler tout ou partie d'un ACL :
# setfacl -b /var/www/index.php
ôte tout le contenu de l'ACL du fichier, tandis que
# setfacl -x u:khadija,g:site1 /var/www/index.php
retire les permissions propres à Khadija et au groupe site1.
La commande fonctionne bien sûr de manière récursive :
# setfacl -Rm u:khadija:rw /var/www/
getfacl
Cette commande suivie d'un nom de fichier affiche l'ACL de ce fichier. Par exemple :
# getfacl /var/www/index.php
getfacl: Removing leading '/' from absolute path names
- file: var/www/index.php
- owner: root
- group: www-data
user::rw-
user:khadija:rw-
user:luce:r--
group::rw-
group:site1:r--
mask::rw-
other::--
ls, cp et mv
Ces commandes doivent pouvoir lister, copier et déplacer les ACL en même temps que les fichiers. Pour les deux premières commande, il faut préciser que l'on veut afficher/conserver les droits : ls -l
, cp -a
. La commande mv, quant à elle, préserve toujours les droits. Dans le cas contraire, un message d'avertissement en informe l'utilisateur.
Noter qu'un fichier comportant un ACL et listé par ls -l
n'affiche qu'un +
à la suite de ses permissions. Seule la commande getfacl, pour l'instant, permet d'avoir connaissance du détail. Par exemple :
# setfacl -m u:khadija:rw /var/www/index.php
- ls -l /var/www/index.php
-rw-rw----+ 1 root www-data 5055 2005-10-16 18:53 /var/www/index.php
Documents annexes
Pages de manuel :
man acl
;man setfacl
;man getfacl
.
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© 25.10.05 Vincent Ramos
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